Ma vie de consultant chez …
Clopinette !
1. Le concept
Présent depuis plus de 10 ans sur le marché́ de la vape, Clopinette se positionne aujourd’hui en tant qu’enseigne pionnière et premier réseau de distribution de cigarettes électroniques en France.
2. Le réseau en chiffres clés
- 2011 : premier magasin en Normandie
- 2012 : lancement en franchise
- 110 boutiques dont 50 en franchise
- 26 000 € d’investissement global, dont 10 000 € de droit d’entrée et 10 000 € de stock initial
- 200 000 à 700 000 € de CA après 2 ans
- > 200 salariés
- > 800 000 clients
- 30 000 000 € de CA (2019)
- 5 ans de durée contractuelle
- 30 à 40 m² de surface moyenne
- 25 000 de zone de chalandise minimale
- 5% de redevance d’exploitation
- 6 jours de formation initiale
4. La génèse du projet
C’est un dossier qui remonte à 2012, soit un an à peine après la création d’Axe Réseaux. A l’époque je suis débordé et je viens de recruter une consultante ainsi que deux alternantes, Cindy et Nadège, alors étudiantes au sein du Master Réseaux de l’Université de Haute-Alsace.
Un Expert-Comptable de mon réseau, prescripteur de dossiers, me conseille un jour de m’intéresser à un jeune concept basé à Caen et qui rencontre alors un succès remarquable : Clopinette. Ils proposent des produits révolutionnaires en substitut de la toute puissante cigarette…
Je les contacte pour me présenter et décroche un RDV auprès des co-fondateurs, Eric de Goussencourt et Karin Warin. En arrivant sur place, quelle ne fut pas ma surprise : il y avait bien 200 mètres de queue devant la boutique, et ce dès l’ouverture à 9h.
En m’entretenant avec les dirigeants, je découvre un concept étonnant capable de générer un chiffre d’affaires irréel : on avoisine les 10 M€ … pour une surface de vente de seulement 30m² !
Ils m’expliquent alors, ce qui était novateur à l’époque, que la vape est un palliatif pour ceux qui veulent arrêter de fumer. Et que c’est lorsque le public a pu voir Johny Depp sortir sa cigarette électronique pour faire cela, dans le film The Tourist, que l’emballement a été total, d’abord Outre-Atlantique puis en Europe.
5. Les problématiques adressées
Fort du remarquable succès qu’ils rencontrent, les co-fondateurs voulaient développer leur concept en franchise, mais ils ne savaient pas comment s’y prendre. Ils cherchaient un cabinet capable de les accompagner de A à Z sur le sujet. Après discussions et présentation de la méthodologie du cabinet, nous nous mettons d’accord sur les principes de notre collaboration.
6. La prestation et les solutions déployées par le cabinet
Le contexte était particulier, car ce premier magasin avait à peine un an. En bonne logique, il était un peu tôt pour envisager la franchise et une licence de marque aurait été plus indiquée. Sauf que le concept Clopinette impliquait une clause d’assortiment exclusif et d’autres obligations dont l’application aurait été incompatible avec la licence seule. Nous avons donc pris le parti d’opter pour la franchise, non sans certaines précautions.
Nous avions peu de temps devant nous, donc nous avons procédé au pas de charge. Nous nous sommes concentrés sur la formalisation des fondamentaux : les différents outils, le modèle économique de l’enseigne (sources de revenu de la tête de réseau et des futurs franchisés), ainsi que les questions et les supports juridiques (protection de la propriété intellectuelle, contrat d’approvisionnement, contrat de franchise, DIP…).
Nous avons également travaillé le merchandising. A mon sens, l’aménagement du magasin pilote ne provoquait alors pas d’ « effet Waouh » et il fallait créer une vraie ambiance. Les dirigeants ont donc fait appel à une de leurs connaissance, architecte, qui les aidera à conceptualiser et choisir un mobilier dédié à l’enseigne.
Ensuite, les premiers recrutements sont arrivés très vite : l’enseigne recevait pas moins d’une centaine de candidatures par mois ! Pas étonnant qu’en à peine un an, Axe Réseaux ait recruté près d’une soixantaine de nouveaux franchisés… Pour y parvenir, nous avons dû optimiser le temps en organisant des réunions et visites groupées, des journées découverte… Et une attention particulière a été portée sur les franchisés pionniers, avec des précautions juridiques particulières dans leurs contrats.
Enfin, nous avons eu la chance de trouver de très beaux emplacements, notamment en haut de l’Avenue de la Grande Armée à Paris, qui servira en quelque sorte de flagship. Nous avons pu avancer main dans la main avec de vrais entrepreneurs, qui avaient compris tout le potentiel du produit.
Les livrables
Ce projet a donné lieu à l’élaboration de tous les livrables que requiert généralement la structuration d’un réseau : manuel opératoire, documentation juridique et outils d’appui au développement (profils candidats, parcours candidat, sourcing et plan média, grilles d’évaluation, retroplanning de signature…).
Le cabinet a également organisé différentes formations pour aider les fondateurs à prendre la mesure de leur nouveau rôle de franchiseur. Ce qui n’était pas pratique au début, car le local était exigu, envahi de stock… Je pense que ces sessions les ont aidés à comprendre le métier et l’intérêt de mettre en place tous ses prérequis.
Ils se sont montrés réceptifs, même si le rythme effréné de leur croissance ne leur permettait pas d’y consacrer tout le temps et l’attention que d’autres clients pouvaient y dédier.
L’équipe projet
Nous avons fonctionné en équipe assez restreinte : Cindy en consultante et moi-même en directeur de mission. Et côté client, nous avons essentiellement échangé avec les deux co-fondateurs.
La gestion du projet
Le projet a duré seulement 4 mois. Nous nous sommes déplacés toutes les semaines sur place, et Cindy restait parfois jusqu’à 3 jours de suite pour participer aux différents travaux. Nous avions également un espace de travail partagé (Dropbox).
Les outils
L’enjeu était moins de créer de nouveaux outils que de déployer ceux relatifs à la méthodologie cabinet, mais avec un vrai niveau d’urgence.
7. Les bénéfices apportés au client
A mon sens, Eric de Goussencourt et Karin Warin ont bénéficié en peu de temps d’une « architecture franchiseur » de haut niveau, équivalente à celle qu’emploient des leaders d’autres secteurs.
Une mission qui leur a procuré un gain de temps indéniable, mais aussi financier surtout compte tenu de la vitesse avec laquelle les franchisés ont été recrutés et rendus opérationnels.
8. Nos satisfactions…
Bien sûr, il est satisfaisant d’accompagner celui qui deviendra le futur leader en franchise de sa filière. Je ne vous cache pas qu’au départ, et même dans mon entourage professionnel, peu y croyaient… Mais j’ai suivi mon intuition, tenu bon et persévéré. Et surtout, il y a des indicateurs qui ne mentent pas !
Autre point très positif en soi, Clopinette a demandé à conserver Cindy comme salariée. Elle y restera pas moins de 5 ans.
9. Nos challenges…
L’un des points délicats était la méfiance de l’un des cofondateurs vis-à-vis du consulting, jugé coûteux et peu opérationnel. C’est sûr qu’une jeune pousse n’a pas l’habitude de « consommer du consultant ». Il a fallu surmonter ces réticences en travaillant d’arrache-pied, mais nous y sommes finalement parvenus.
10. Mais aussi quelques regrets 😊
Au plan juridique, nous avons rencontré un cas interpellant. L’avocat conseil de Clopinette avait imposé une clause d’exclusivité d’achats auprès de la Centrale à hauteur de 100%. Une disposition risquée compte tenu de la jeunesse de l’enseigne et du faible nombre de fournisseurs qui existaient alors. En effet, comment ferait-on si l’un d’entre eux venait à faire défaut ? A l’époque je n’avais pas l’expérience qui est la mienne aujourd’hui, et avec le recul j’aurais dû insister davantage pour faire abaisser le pourcentage d’achats obligatoires indiqué dans la clause.
D’ailleurs, quelques années plus tard, l’enseigne connaîtra un épisode qui manquera de lui être fatal : les cigarettes économiques ont vu leur demande exploser – notamment sur le marché américain. Or, les essences (essentiellement fabriquées en Chine) connurent une rupture de 4 semaines, les Chinois préférant donner la priorité aux USA compte tenu de la taille du marché.
Autre regret, Clopinette aurait peut-être dû proposer aux buralistes, vent debout contre la vape, de positionner des présentoirs de leurs produits. Cela aurait permis d’apaiser leur courroux, et c’est ce que fera plus tard leur concurrent Juul.